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vendredi 19 novembre 2021
Florian Merrien est paraplégique depuis son plus jeune âge. Pourtant, son histoire est avant tout celle d’un sportif de haut niveau, certes en fauteuil mais capable de jongler avec aisance, entre tennis de table, handisport et intégration dans le monde des valides. Témoignage.
4 médailles aux Jeux Paralympiques, 4 aux championnats du monde, 12 aux championnats d’Europe et un nombre encore plus impressionnant de podiums sur le sol national. Le palmarès pongiste de Florian Merrien a de quoi faire pâlir de jalousie les plus grands sportifs mondiaux, toutes disciplines et catégories confondues.
Surtout, quand on connaît son histoire : « À 18 mois, un virus inconnu a attaqué ma moelle épinière, me laissant au départ entièrement paralysé, avant que je récupère une petite partie de mobilité pour me stabiliser dans un état qualifié de "tétraplégique incomplet" », sourit le champion de 37 ans. Florian ne peut utiliser ses abdominaux ni la partie inférieure de son corps, mais cela ne l’empêche pas de se construire une vie tournée vers le sport. Son enfance est en effet marquée par une révélation : la découverte du tennis de table, à l’âge de 10 ans.
“C’est un kiné qui m’a orienté vers ce sport, qui m’a tout de suite plu. J’ai poussé les portes du club de Grand Quevilly, ma région natale. Tout le monde a ouvert de grands yeux en me voyant débarquer avec mon fauteuil… mais ils m’ont aussi ouvert grand les bras !”
À l’époque, rares sont les handicapés à pratiquer le tennis de table. Florian pratique donc avec des valides et développe un jeu suffisamment « vicieux » (selon ses propres dires) pour donner du fil à retordre au plus grand nombre. Résultat : il est repéré par la Fédération Handisport avant d’intégrer son équipe nationale de tennis de table à 18 ans, pour ne plus jamais la quitter. Il se forge ainsi un palmarès d’exception tout en poursuivant ses études, pour devenir aujourd’hui le représentant en communication de la Seine-Maritime (76) le plus capé aux Jeux paralympiques :
“J’ai participé à ceux de Pékin, Londres, Rio et je reviens de Tokyo, pour un total cumulé d’une médaille d’or et deux de bronze par équipe, ainsi qu’une autre de bronze en individuel. Je suis très heureux et très fier d’avoir rapporté ces titres à la France. Je retiens aussi les échanges, la diversité, l’ambiance et la découverte d’autres pays et d’autres cultures, moment uniques rendus possibles par les Jeux… même si les derniers ont été moins mémorables, Covid-19 oblige.”
Le dynamisme de Florian ferait presque oublier qu’il est en fauteuil roulant. Parfaitement intégré dans le monde valide (sport, amis, amours, travail…) il a toujours très bien vécu son handicap et préfère ne pas se focaliser sur les petits tracas du quotidien, comme les problèmes d’accessibilité ou le regard des autres. Même les répercussions physiologiques de sa condition ne sont pas vues comme des contraintes : « Mon manque d’abdominaux m’empêche de vider correctement ma vessie, je dois donc réaliser des sondages urinaires réguliers pour éviter tout problème de fuite ou d’infection. Mais franchement, c’est simple, rapide et aucunement gênant, d’autant qu’ayant conservé de la sensibilité dans tout mon corps, je sais quand devoir aller aux toilettes. » De fait, il lui a été plus difficile de vivre sans sondage durant sa jeunesse, où le dispositif était perçu comme une « punition » à éviter. « En réalité, c’est tout le contraire. J’ai subi pas mal de fuites jusqu’à mes douze ans et le passage aux sondes a littéralement changé ma vie ! À l’époque je devais me déplacer avec de grosses boîtes peu discrètes et mal pratiques. Aujourd’hui, tout est miniaturisé, fonctionnel et tient sans problème dans mon sac de sport. Je vais aux toilettes aussi sereinement que n’importe quelle personne valide. »
Le message - conscient comme inconscient - véhiculé par Florian est positif : le handicap se vit en partie dans la tête, qu’il faut savoir garder haute. Il est important de sensibiliser un maximum de publics (Florian intervient notamment en milieu scolaire et auprès de jeunes handicapés), sans dramatiser ou taire les répercussions. « Il ne faut pas hésiter à en parler sans tabou autour de soi, à s’adresser aux médecins experts en cas d’interrogation, et surtout, surtout, à profiter des bons moments de la vie ! » Un message qui peut aussi aider les parents d’enfants handicapés.
Parmi les prochains objectifs qui tendent les bras à l’athlète ? Paris 2024, bien sûr ! « J’espère de tout cœur être qualifié et je me donnerai à fond pour ça. Les Jeux sont la plus belle compétition qui soit pour un joueur de tennis de table, plus forte que tout le reste ! Je suis d’ores et déjà super motivé pour rapporter une ou des médailles, pour moi, pour mes coéquipiers, pour tous ceux qui m’épaulent et, bien entendu, pour mon pays et tous les (télé)spectateurs qui me suivront ! »
Le rendez-vous est pris. D’ici là, Florian va continuer à diffuser sa bonne humeur, ses conseils et sa vision positive du handicap, avec ou sans raquette à la main.
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