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jeudi 16 janvier 2020
Inséparable des progrès de la chirurgie, la suture est la combinaison fil-aiguille qui permet de rapprocher les berges d’une plaie. Née en Egypte il y a 4 000 ans, elle est entrée dans l’ère industrielle grâce à B. Braun il y a 110 ans. Depuis, le fil chirurgical n’a cessé de se réinventer pour répondre aux besoins des patients et des chirurgiens, comme l’explique Olivier Sellal, responsable de la pharmacie centrale du CHU de Nantes.
Des fils fabriqués à partir d’intestins de moutons aux produits synthétiques d’aujourd’hui, la suture a beaucoup évolué en un peu plus d’un siècle. Et l’histoire continue ! B. Braun, fournisseur mondial dans ce domaine grâce notamment à sa filiale française Suturex & Renodex (voir encadrés) a lancé en 2019 un concours international, montrant la créativité dans ce domaine.
Le fil chirurgical n’a rien d’un simple fil, puisqu’il doit être « biocompatible », c’est à dire toléré par le corps sans générer de réaction inflammatoire. Il doit être adapté aux exigences de la plaie et du tissu environnant pour favoriser la guérison. Il doit être souple, facile à manier, résistant dans le temps et permettre des nœuds solides ! Selon les interventions, un fil résorbable (deux tiers du marché) ou non sera choisi par le chirurgien. Les applications sont nombreuses : des sutures tressées pour les chirurgies pédiatriques et les épisiotomies par exemple, aux monobrins souvent préférés pour la fermeture de paroi abdominale1.
“Les innovations sont généralement bien accueillies par les chirurgiens, par exemple les sutures crantées, qui répondent à un besoin d’optimisation du temps opératoire.”
L’idée paraît simple, mais il fallait y penser : doter le fil de micro-crans lui permet de s’autobloquer dans les tissus, donc de ne plus faire de nœuds, en obtenant une tension répartie de long de la plaie. « C’est un dispositif qui, sans être extrêmement technologique, permet de réaliser des sutures complexes sans recourir à des aides opératoires pour maintenir les berges de la plaie et faire progresser le fil », explique Olivier Sellal.
Ce n’est pas la seule évolution des dernières années. Les sutures résorbables se sont développées, avec différents délais de résorption en fonction des indications.
“Quand l’indication le permet, le fil résorbable est privilégié, mais beaucoup d’indications nécessitent l’emploi de fils non résorbables, pour les tissus qui cicatrisent lentement comme les os, les tendons voire les vaisseaux.”
Les sutures enrobées d’antimicrobien ont également fait leur apparition plus récemment. Olivier Sellal y décèle un intérêt potentiel « dans des domaines précis, pour des chirurgies à fort risque d’infection ».
Enfin, l’essor des procédures de chirurgie mini-invasive, telles que la cœlioscopie, en pratiquant de petites incisions, n’a pas tant influé sur le choix des sutures que sur leur volume. En revanche, différentes options ont élargi le choix des chirurgiens pour refermer les tissus, telles que la suture mécanique (agrafage) et les colles tissulaires, lesquelles ont l’avantage de « réduire le temps d’intervention pour le chirurgien ». Les sutures gardent toute leur place, notamment pour les indications au long cours et les tissus « compliqués », quand la plaie ne permet pas l’usage de colle ou d’agrafes.
Le nombre de références employées dans un même hôpital peut être très élevé, répondant à la diversité des besoins. Mais l’optimisation des références utilisées, via un service de gestion de parc proposé par un fabricant comme B. Braun, pourrait s’avérer utile selon Olivier Sellal, lorsque la forme des marchés d’achat hospitaliers le permet. Conseiller les chirurgiens sur la gamme optimale de suture, un nouveau rôle du pharmacien hospitalier ?
“Pourquoi pas, à condition que le pharmacien connaisse parfaitement les besoins et les produits, car le choix des sutures repose sur beaucoup de critères différents.”
Le pays du foie gras en pique aussi pour la suture : Suturex & Renodex, filiale de B. Braun, dispose à Carsac-Aillac non loin de Sarlat (24) d’un site qui produit plus de 100 millions d’aiguilles chirurgicales par an. Ses capacités ont doublé en 2015, afin de répondre à la demande mondiale pour tous les types de sutures.
« Comment imaginez-vous le futur de la suture ? » Le Groupe B. Braun a lancé en 2019 un concours international sur ce thème, l’Innochallenge, proposant aux professionnels de santé, étudiants ou start-ups de partager leurs idées sur des produits ou technologies innovantes. Les finalistes désignés fin janvier 2020 gagneront l’opportunité de développer leurs idées dans le Creation Lab de B. Braun en Allemagne.
Références :
1 Revue B.Braun.com France N°46, février 2008, pp.4-5.
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