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vendredi 19 juin 2020
A l'occasion de la semaine mondiale de la continence, Isabelle Reynaud nous parle des idées reçues concernant l'incontinence féminine.
Les effets bénéfiques d’une pratique physique et/ou sportive ne sont plus à démontrer, mais ils peuvent révéler un problème aussi fréquent que tabou, l’incontinence urinaire d’effort. Cependant, certains sports (jogging, sports de balle…) et certaines activités physiques (Cross-fit, Zumba, Pilates…) peuvent mettre en évidence une pathologie dite “pelvi-périnéale” telle que l’incontinence urinaire à l’effort. Cette pathologie, qui n’est pas une maladie, présente malheureusement un caractère très tabou voire honteux. Elle ne doit en aucun cas être une fatalité, juste une réalité, assure Isabelle Reynaud, kinésithérapeute spécialisée en rééducation abdomino-pelvi-périnéale. Heureusement, des solutions efficaces et discrètes existent pour continuer à se faire plaisir tout en pratiquant. Chasse aux idées reçues et conseils d’experte.
Isabelle Reynaud, kinésithérapeute et fondatrice de son association Sport et Spécificités Féminines, accompagne les sportives quels que soient le niveau et le sport pratiqué dans la prévention des risques pelvi-périnéaux, dont l'incontinence urinaire. Un problème qui appelle une réponse personnalisée.
“L’incontinence urinaire n’a pas une mais plusieurs formes : incontinence d’effort pure, urgence mictionnelle ou mixte lorsque ce sont les deux.”
« L’incontinence n’est pas une fatalité mais une réalité qui impacte fortement la vie sociale mais aussi la vie de couple. Il faut que les personnes puissent avoir une réponse de qualité et se sentent correctement encadrées ». Cela passe par une bonne compréhension des facteurs de risque constitutionnels (posture…) ou plus conjoncturels (toux chroniques, pratiques néfastes des entraînements sportifs), obstétricaux, hormonaux, etc.
« Beaucoup pensent que c’est une pathologie de la femme vieillissante alors que c’est une pathologie de la femme jeune, active et en bonne santé, qui peut survenir dès l’âge de 13 ans. L’idée reçue qui associe incontinence et grand âge renforce le tabou et la honte d’en parler. Il faut donc que les médecins généralistes, les gynécologues-obstétriciens et les sages-femmes interpellent les femmes avant même qu’elles n’en parlent, et effectuent les tests complémentaires à leurs examens comme faire tousser la patiente, tester la notion de contracter-relâcher au niveau périnéal, etc. »
« Le sport est bénéfique pour le cœur, les articulations, les muscles, l’équilibre général. Concernant les fuites urinaires, ce n’est pas tant le sport ou l’activité physique qui sont en cause mais plutôt la façon de s’entraîner, de pratiquer (durée, intensité et qualité) », rappelle Isabelle Reynaud. Certains sports sont naturellement plus à risque : athlétisme, basket, handball, BMX, trampoline, équitation, course à pied… Ils vont être révélateurs plutôt d’une fragilité existante, ouvrant la voie à une prise en charge bien spécifique. « Il n’est pas question d’arrêter le sport mais d’adapter la pratique aux particularités de l’anatomie féminine », recommande Isabelle Reynaud.
« Certaines sportives ont un périnée bien tonique et tout de même des fuites. Le problème est ailleurs. Il faut s’occuper de la notion d’hyper-pression intra-abdominale. » Donc attention aux conseils formatés. Gare aussi à la banalisation - « comme s’il était normal de faire du sport et d’avoir des fuites ! » - et aux petites combines : les “trucs” échangés au vestiaire sont souvent inadaptés, au pire risqués, comme l’usage de tampons périodiques pour éviter les fuites pendant les entraînements. Une bonne prise en charge sera la meilleure des solutions pour pratiquer en toute sécurité.
Les protections ou « couches » restent inconfortables et stigmatisantes pour de nombreuses femmes… L’enjeu selon Isabelle Reynaud n’est « pas de concilier vie quotidienne, sportive et fuites urinaires mais de s’en défaire ». Plus la prise en charge est précoce, plus les mesures préventives vont en général suffire : l’apprentissage des bons réflexes et des pratiques à oublier comme les exercices façon “crunchs” (relevé de buste et/ou de jambes), les consignes disant d’inspirer, gonfler le ventre, pousser pour uriner, attendre la dernière minute pour aller uriner… Quand les femmes attendent trop longtemps pour consulter, c’est vraiment préjudiciable pour leur santé. « Il ne faut pas s’avouer vaincue, il y a toujours des solutions » avant d’en arriver à la chirurgie. C’est ce que propose Isabelle Reynaud dans les Ateliers Prévention Santé Sport mis en place par son association. « Les médecins peuvent aussi prescrire en complément un dispositif intravaginal », solution discrète conçue pour réduire mécaniquement le risque de fuite urinaire disponible sans ordonnance1.
C’est une plainte d’une perte involontaire d’urine non précédée d’un besoin d’uriner survenant lors d’un effort physique ou de toux.
1 Cornu J.N et al. 75NC007 device for non invasive stress urinary incontinence management in women : a randomized controlled trial. Int Urogynecol J (2012);23(12) :1727-1734.
2 Fiche Info-Patient : Incontinence urinaire de la femme. Mai 2012. Association française d’urologie. www.urofrance.org.
3 Pyramide des âges au 1er janvier 2014, France. https://www.insee.fr/fr/statistiques/1913143?sommaire=1912926.
4 Haab F. et al. Traitement de l’incontinence urinaire d’effort par colposuspensionpercutanée: une technique non satisfaisante. Progrès en Urologie 2001, 11:336-339.
5 Ballanger P. Épidémiologie de l’incontinence urinaire chez la femme, Progrès en Urologie (2005), 15, Supp. N°1,1322-1333.
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